- TROUBADOUR (STYLE)
- TROUBADOUR (STYLE)TROUBADOUR STYLELa notion de style troubadour ne recouvre pas exactement le phénomène du retour au Moyen Âge; il faudrait parler de plusieurs styles troubadour, correspondant aux diverses phases de ces retrouvailles du passé national. C’est ainsi que la curiosité pour les époques dites gothiques court tout le long du XVIIIe siècle. Le comte d’Angivillier commande pour Louis XVI des tableaux à sujets pris dans l’histoire de France, comme La Continence de Bayard de Durameau (1787, esquisse au musée de Grenoble). Il ne faut pas oublier que c’est sous le règne de Louis XIV que l’on prit la décision de continuer dans un style gothicisant la construction de la cathédrale d’Orléans. Il vaut donc mieux réserver l’expression de style troubadour aux créations des années 1800 et surtout à celles de la période 1815-1830, alors qu’après le choc de la Révolution française la fondation d’un Empire, qui évoque celui de Charlemagne autant que celui d’Auguste, puis la Restauration des rois s’accompagnent d’une curiosité renouvelée pour les monuments de l’histoire de France.Choix d’épisodes émouvants, pris le plus souvent dans l’histoire des premières dynasties, souci archéologique définissent les œuvres troubadour. Mais il faut rappeler que l’exactitude chronologique n’est qu’approximative, tout comme dans les recueils de Montfaucon ou la présentation par Lenoir du musée des Monuments français. Le style ogival reste une sorte de référence générale (ce n’est que vers 1840 que l’on commence à classer scientifiquement les époques et les formes architecturales) qui permet de nombreuses inventions décoratives. Le goût irait de préférence à ce que nous appelons le style flamboyant qui assure une transition naturelle avec l’art de la Renaissance, c’est-à-dire avec la tradition classique.En effet, ces artistes troubadour sont en même temps pour la plupart des néo-classiques. Leur technique, leur formation sont celles de l’école; le métier est lisse, les compositions adoptent le type du bas-relief; l’emploi large du ton local est préféré. Des peintres ayant subi l’influence de David et peignant comme des petits maîtres hollandais du XVIIe siècle, voilà qui permet de reconnaître une œuvre troubadour et de la distinguer de celles qui mériteraient mieux l’adjectif de romantique.Les protagonistes sont très nombreux. Mais, dans l’acception limitée que l’on propose, il faut privilégier les Lyonnais, tels Pierre Revoil (1766-1842) et Fleury Richard (1777-1852), qui, dans l’atelier même de David, se signalent par leur choix de sujets pris hors de l’Antiquité. Revoil est le «peintre de la chevalerie». Avec Valentine de Milan (original perdu, réplique à l’Ermitage), tableau exposé au Salon de 1802 et acheté par Joséphine, Richard connaît un immense succès et recrée le genre. Après lui, Ingres, avec Paolo et Francesca (1814, pour la version du musée Condé à Chantilly) ou L’Entrée à Paris du dauphin Charles V (1821, Hartford, Connecticut), qui évoque Fouquet, donne peut-être les vrais chefs-d’œuvre du goût troubadour. Un peintre comme Mallet (1759-1835) mériterait entre tant d’autres une mention, par la perfection à la Van Mieris de la facture d’une œuvre comme Geneviève de Brabant (1824, musée de Cherbourg).Bien entendu, le style troubadour ne doit pas être limité à un seul genre. Il y a, par exemple, une sculpture troubadour dont le meilleur représentant est sans doute Félicie de Fauveau, 1802-1886, cette énergique femme sculpteur, conspiratrice dévouée à la duchesse de Berry, exilée à Florence après 1830 (Christine de Suède refusant de faire grâce à son écuyer Monaldeschi , bas-relief, 1829, musée municipal de Louviers). Mais le style troubadour, ayant inspiré le décor de meubles, de reliures, de papiers peints, d’objets d’art, mérite précisément la dénomination de style par cette faculté qu’il a eue d’animer pendant quelques années le décor de la vie quotidienne.
Encyclopédie Universelle. 2012.